L’image de l’Afrique dans les médias internationaux a un impact considérable. Elle influence négativement le tourisme, décourage les investissements et contribue à diffuser une vision réductrice du continent, souvent éloignée de sa réalité actuelle, de sa diversité et de son potentiel.

La désinformation en ligne, notamment à travers les « fake news », coûte près de 80 milliards de dollars par an à l’économie mondiale. Aux États-Unis, le secteur de l’épargne-retraite enregistre à lui seul environ 19 milliards de pertes annuelles dues à la désinformation financière. Si ce phénomène touche tous les continents et secteurs, il prend une forme particulière en Afrique, où les préjugés jouent un rôle central. Le continent est encore largement perçu à travers un prisme biaisé, présentant ses populations comme primitives, que cela soit intentionnel ou non.

Emily Dickinson, dans son poème There is no Frigate like a Book, illustre le pouvoir des récits : ils peuvent nous faire voyager sans bouger de chez nous. Les histoires façonnent la vision du monde. Or, celles racontées sur l’Afrique – qu’elles viennent de l’extérieur ou de l’intérieur – tendent souvent à renforcer certains stéréotypes.

Pour contrer ces narratifs biaisés, Africa No Filter s’est associé à The AI Shop pour créer l’African Bias Buster, un outil innovant basé sur l’intelligence artificielle. Ce dispositif a pour mission de détecter et corriger les préjugés présents dans les contenus liés à l’Afrique, qu’ils soient flagrants ou subtils.

Conçu pour évaluer les textes en temps réel, l’African Bias Buster attribue un score de partialité et propose des pistes concrètes d’amélioration. Il s’agit d’un véritable progrès technologique au service de récits plus justes et nuancés sur l’Afrique.

Ekow Duker, écrivain et cofondateur de The AI Shop, explique :
« Nous avons créé l’Africa Bias Buster pour montrer que l’intelligence artificielle peut être une force positive de changement. En combinant notre expertise technologique à la compréhension des biais narratifs d’Africa No Filter, nous proposons un outil pratique et immédiat à tous ceux qui écrivent sur l’Afrique. »

Gratuitement accessible, l’outil illustre le potentiel de l’IA pour relever des défis sociaux de longue date. Il s’adresse à un large public : journalistes, auteurs, créateurs de contenu, podcasteurs, scénaristes ou universitaires. Pour Moky Makura, directrice exécutive d’Africa No Filter, cet outil est un « gardien de notre mémoire collective numérique ». Elle souligne :
« En analysant les écrits pour y détecter les stéréotypes et en fournissant un retour constructif, l’outil permet de produire des récits plus impactants sur l’Afrique. »

L’African Bias Buster repose sur un modèle linguistique formé à partir d’un vaste ensemble de textes, incluant de nombreux exemples de stéréotypes dans divers contextes. Il compare les contenus soumis à cette base de données pour détecter les biais et orienter les auteurs vers une narration plus équilibrée.

Compatible avec les formats DOCX, PDF et TXT, l’outil a déjà été présenté à des communautés de conteurs lors de l’Africa Media Festival, à Nairobi. Des partenariats sont en cours avec des universités et écoles de journalisme pour élargir son usage.

Pour ses concepteurs, cet outil représente bien plus qu’un simple outil numérique. Il s’agit d’un antidote culturel.
« Si les préjugés tuent, la vérité est une thérapie. Ce que The Lancet est à la médecine, nous voulons l’être pour la narration culturelle », affirme l’équipe de The AI Shop.

Dans un monde en pleine transformation numérique, des outils comme l’African Bias Buster offrent aux Africains un moyen de reprendre le contrôle sur la façon dont leur continent est raconté. Ils ouvrent la voie à des récits plus complets, reflétant non seulement les défis, mais aussi les richesses culturelles, les innovations, les opportunités économiques et touristiques du continent.

En somme, c’est une invitation à raconter l’Afrique autrement – avec justesse, profondeur et dignité.

Par Kosisochukwu Charity Ani