La désinformation en ligne Misinformation online (particulièrement les « fake news ») coûte à l’économie mondiale près de 80 milliards de dollars par an. Les marchés boursiers mondiaux subissent chaque année un impact négatif de la désinformation à hauteur d’environ 40 milliards de dollars dont 0,05 % de perte directes suite aux « fake news ».  Aux États-Unis, le secteur de l’épargne-retraite subit chaque année environ 19 milliards de dollars de désinformation financière délibérée. La désinformation touche tous les pays dans tous les secteurs et institutions du monde entier ; l’Afrique ne fait pas figure d’exception.

L’image de l’Afrique ,dans les médias ,est généralement représentée par un enfant sous-alimenté et sans instruction ,vivant dans des bidonvilles dans un milieu traditionnel.Ailleurs qu’en Afrique, cette image est continuellement relayée  par les parents qui disent à leurs enfants : « Allez, termine ton repas car il y a des enfants qui meurt de faim en Afrique. Ils n’ont pas de nourriture comme celle-ci ! »They dont get food like this.

Même s’il y a en Afrique une pauvreté et une grande diversité culturelle (observable sur tous les continents), cela ne correspond aucunement à la réalité Africaine. Les stéréotypes diffusés par une représentation médiatique négative de l’Afrique coûte au continent Africain des milliards de dollars.Les investisseurs et les touristes évitent de venir en Afrique car ils pensent que les Africains vivent dans la jungle au milieu d’animaux et qu’ils sont dépourvus de commodités et d’accès à l’électricité. Les médias ont généralement une fausse image du secteur touristique africain, et ces mêmes médias véhiculent toujours cette idée fausse que l’Afrique manque de potentiels touristiques.

Les surprises du “sud global”

En juillet 2024, l’actrice américaine Tiffany Haddish a visité le Zimbabwé, et à sa grande surprise, elle a découvert un supermarché. Elle y a posté une vidéo sur son réseau social TikTok video on TikTok , tout en en partageant son expérience : « Bonjour à tous! Je suis ici , à Harare, au Zimbabwe,et regardez ce supermarché...Ils ont un supermarché...C’est incroyable!» Puis elle se rend au rayon fruits et légumes ‘Regardez, il y a des fraises bio. J’adore ca... et ils vendent de la canne à sucre , super! Ils ont leurs dattes sur les étales.. Regardez cette épicerie; elle est fabuleuse; c’est absolument fabuleux !

Puis elle répète avec insistance « Croyez-moi!... Je suis vraiment en Afrique” Et termine son étonnement par « Afrique, Zimbabwe ...J’aime te découvrir ».

Passant dans le rayon boucherie du supermarché, Tiffany confirme à ses abonnés que: «...Ça ne sent pas mauvais! »

Continuant ses découvertes, l’actrice s’émerveille  dans les différents allées de l’établissement s’arretant  sur des “magazines people”, ou elle se fait la remarque de n’etre “probablement dans aucun d’entre eux ».

La vidéo est devenue virale sur TikTok et a enregistré plus de 943 000 vues (dont 57 600  likes, 10 700 commentaires et 7055 partages). Les abonnés se sont sentis bléssés qu’elle puisse etre surprise de trouver un supermarché au Zimbabwé .

Certains accusent Haddish de propager le stéréotype ou les Africains vivraient de manière primitives sans bénéficier de facilité d’approvisionnement. Sur Tik Tok , les réactions s’enchainent comme par exemple via Shar💕 avec un commentaire : « vous pensiez que nous mangions de l’herbe? »

La réponse ne sait pas fait attendre de la part de l’actrice : « Non. Mais les médias m’ont fait croire que tous vos aliments sont achetés dans des foires aux bestiaux où les chèvres et les vaches attendent d’être abattues...et je ne parle pas des odeurs et des milliers de moiuches”.

CHINEMEREM (utilisateur de Tik Tok) attaque  frontalement l’artiste: « Comédienne perdue et ratée, actrice croyant etre pertinente. Votre ignorance et votre stupidité seront votre fin”.

Nombre de personnes ont trouvé la vidéo offensante; toutefois d’autres ont pris sa défense  car elle a su briser les clichés.

Suite aux réactions, Daniel Freeman ( un abonné) commente : « Ce que les gens ne comprennent pas, c’est qu’elle montre aux Américains que nous ne vivons pas dans des arbres comme ils le pensent 💯💯J’adore cette vidéo”

Suite à de nombreuses réactions hostiles venant de ses abonnés et d’autres réseaux sociaux, l’actrice s’est exprimée sur sa page X,pour répondre à la désinformation lors de sa visite dans le supermarché.

Elle affirme qu’elle essayait au contraire de changer le regard et de montrer que « nous avons été trompés principalement sur ce qui ne va pas... Je viens juste de montrer qu’ils avaient tort. »

S'accordant à dire que le problème réside dans une vision unilatérale de l'Afrique dans les médias,(@moxie31) a écrit sur X : « Pour être objectif, les médias américains disent que les gens vivent dans des huttes et dans des villages dépourvus de modernité sans aucun accès à de l'eau potable. C'est pourquoi les Noirs américains sont choqués lorsqu'ils visitent l’Afrique... c'est de la faute de l'Amérique! ». 

Le compte X, de Cissey Matavire , confirme les propos de Tiffany Haddish en tweetant : « Elle ne pense pas cela...Elle prouve clairement à ses fans que le Zimbabwé et les autres pays africains ne sont pas ce qu'ils imaginent, on leur a lavé le cerveau...». 

Sur un autre compte X,  @thejessicatapia, affirme que:  « Les médias décrivent l'Afrique toujours dans le meme sens; beaucoup de gens ne prennent pas le temps de vérifier les informations... Je ne suis donc pas surprise qu'elle ait pensé cela ».

Dans un tweet follow-up tweet, Tiffany répond : « Écoutez, les amis ! Il n'y a rien de MIEUX que de voir la réalité de ses propres yeux ! Mon coeur déborde de joie et je me demande pourquoi nous n'avons pas fait ça plus tôt. Cet endroit est incroyable! »

Les chutes du lac Victoria: sans chute?

La désinformation et la faible représentation médiatique découragent le tourisme et les investisseurs en Afrique.

Fin 2019, des “sources inconnues” ont partagé des images de la plus grande chute d'eau du monde; il s’agit des chutes du lac Victoria qui est l’attraction touristique majeure située entre le Zimbabwe et la Zambie. Des internautes ont spéculé sur l’assèchement des chutes d’eau.Il s’avère que cette image est incomplète car elle est prise du côté zambien dont la pression d'eau diminue pendant la saison sèche. Elle  atteint son niveau le plus bas entre les mois d'octobre à janvier (de chaque année). Cette période est propice aux excursions car elle permet aux visiteurs d’avoir des vues dégagées sur les  chutes, et de profiter d’une baignade dans la piscine dite “du Diable”. Cette expérience, offre aux visiteurs , une vue imprenable sur les chutes, et permet aux curieux de profiter de rafting en eaux vives. La vision du lac asséché, coté Zambien, a fait croire à de nombreux touristes et visiteurs, que la chute d'eau n'existait plus; ce qui a entraîné des annulations massives de réservations auprès de nombreux voyagistes.

Représentation graphique des niveaux d'eau saisonniers des chutes Victoria © Africa Albida Tourism

L’ African Geographic notifie : « Dans une région où le tourisme est vitale, pour le quotidien des habitants ,en termes de retombées économiques... il est contre productif d'affirmer de telles informations allarmistes dans les médias internationaux. Plusieurs opérateurs touristiques ont fait état d'annulations (dont notre propre équipe de voyage  qui a cherché à rassurer des clients pour un safari... ). Beaucoup d’internautes ont communiqué sur les réseaux sociaux par l’envoie de photos et de vidéos prises devant les chutes avec le hashtag  #VictoriaFallsIsNotDry ( #Les chutes du lac Victoria ne sont pas asséchées).

Les recherches du Centre d'études stratégiques pour l'Afrique  (Africa Center for Strategic Studies ) montrent que «la désinformation tout azimut est un défi stratégique pour les sociétés africaines stables et prospères(a fundamental challenge to stable and prosperous African societies). Les intentions visant à déformer l'environnement informationnel à des fins politiques s'accélère. « Il existe un lien étroit entre la désinformation qui nourrit l'instabilité”.

Les campagnes de désinformation sont à l'origine de violences meurtrières,driven deadly violence, promoted and validated military coups, cowed civil society members into silence.Ces campagnes de désinformation ont encouragé des coups d'État militaires, et a eu des conséquences désastreuses sur la société civile par une corruption en augmentation (smokescreens for corruption and exploitation.) Les effets négatifs touchent directement les droits, les libertés et la sécurité des Africains ».

Selon un rapport récent, new report,l'Afrique perd jusqu'à 3,2 milliards de livres sterling par an en paiements d'intérêts en raison des stéréotypes négatifs persistants qui innondent la couverture médiatique internationale.

Dans une autre étude, intitulée Implications of Misleading News Reporting on Tourism at the Victoria Falls,Implications of Misleading News  le constat confirme “la persistence de la désinformation et de ses implications intersectorielles ”. Le secteur du voyage et du tourisme doit réagir face à cette crise croissante et mettre en œuvre des mesures pour lutter contre ces informations trompeuses.

Pour autant, les destinations africaines ne manquent pas de sites à découvrir. Elles offrent une grande variété d'aventures et de paysages,  mettant en valeur l'extraordinaire diversité du continent. Des paysages vibrants de l'Afrique du Sud avec ses lagons bleus turquoises; Ces récifs coralliens uniques et ses rivages vierges et immaculés de l'île Maurice. Les merveilles de l’ Égypte antique avec ses pyramides millénaires de Gizeh et de son énigmatique Sphinx; les souks animés et les beautés architecturales de Marrakech. Du désert paisible du Sahara en passant par la réserve nationale de Maasai Mara au Kenya; de la forêt impénétrable de Bwindi en Ouganda et de ses eaux rosées du lac Retba, ce sont autant d’atouts qui promettent des expériences inoubliables pour tous les voyageurs.

 Face au défit de la désinformation, les gouvernements, les diplomates, l'industrie du tourisme, les organisations médiatiques et les entreprises technologiques doivent unir leurs efforts afin de donner une image positive de l’Afrique. Le continent africain a pris conscience des enjeux et du besoin pressant de coordonner les médias, en offrant un récit innovent dont l’objectif est de montrer l'Afrique comme un continent alliant tradition et modernité. Qu'il s'agisse de l'appel de la nature sauvage jusqu’aux escapades tropicales sereines l’ Afrique promet d'être un voyage à nul autre pareil.