Le rappeur togolais Aamron, de son vrai nom Narcisse Tchalla Essowé, a été arrêté par des gendarmes à son domicile de Lomé dans la nuit du 26 mai. Cette arrestation a immédiatement suscité une vague d’indignation et de protestations sur les réseaux sociaux et dans la rue.

Aamron est connu pour ses prises de position critiques envers le gouvernement togolais, dénonçant les inégalités socio-économiques et les méthodes de gouvernance. Dans ses vidéos, il appelait les autorités à rendre des comptes au peuple togolais et dénonçait le détournement d’argent public. Il s’est également attaqué à l’immobilisme politique. Quelques jours après son arrestation, Aamron a publié une vidéo sur TikTok où il présentait ses excuses au président Faure Gnassingbé. Dans cette vidéo, il prétendait souffrir de troubles psychiatriques et affirmait avoir tenu des propos inappropriés sous l’effet d’une dépression. Cette déclaration a été immédiatement contestée par sa mère, sa fille, et tous ceux qui le soutiennent. Ils affirment que la vidéo a été enregistrée « sous contrainte » et qu’Aamron n’a jamais souffert de troubles mentaux. Une opinion partagée par Maître Célestin Agbogan, son avocat.

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@aamron.officiel MES EXCUSES A L'ENDROIT DU PRESIDENT DU CONSEIL SON EXCELLENCE FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBE #228tiktok🇹🇬🇹🇬 #228tiktok🇹🇬🇹🇬🇧🇪🥰🥰🥰🥰🥰🥰🥰 #aamron #aamronofficiel ♬ son original - Aamron Officiel

Les réseaux sociaux se sont enflammés avec des messages de soutien tels que « Libérez Amron » et « Je suis Amron ». Des artistes, membres de la diaspora togolaise, et organisations de défense des droits humains ont lancé des cagnottes pour soutenir l’artiste et sa famille. La Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) a qualifié son arrestation d’arbitraire et illégale, appelant à sa libération immédiate ainsi que celle d’autres détenus.

La liberté d’expression au Togo suscite des inquiétudes

Au Togo, la situation de la liberté d’expression soulève de nombreuses préoccupations. Plusieurs observateurs pointent une tendance à la restriction de l’espace civique, notamment à travers des arrestations de figures critiques envers le pouvoir, qu’il s’agisse d’opposants, de journalistes ou d’artistes. Le classement 2025 de Reporters Sans Frontières (RSF) place le Togo à la 121e position sur 180 pays, contre 113e en 2024, traduisant une dégradation selon les critères de l’organisation.

Bien que la liberté de la presse soit reconnue par la Constitution et le Code de la Presse, certains médias indépendants ou journalistes abordant des sujets sensibles peuvent faire face à des formes de pression ou de censure. Amnesty International a signalé plusieurs cas d’atteintes à la liberté d’expression dans le pays.

En 2024, le rédacteur en chef du journal La Dépêche, Apollinaire Mewenemesse, a été arrêté et poursuivi pour des motifs incluant « l’offense au chef de l’État », à la suite de la publication d’un article évoquant la mort du colonel Madjoulba en 2020.

Dans le secteur artistique, le cas d’Honoré Sitsopé Sokpor, alias Affectio, attire également l’attention. Détenu depuis plus de quatre mois après avoir publié un poème sur Facebook, il bénéficie de nombreux soutiens au sein de la société civile. Plusieurs organisations, dont la DMP, appellent au respect des libertés fondamentales et à sa libération.

Le 6 juin 2025, une manifestation a été organisée pour demander sa libération et dénoncer certaines injustices sociales. Elle s’est soldée par 56 arrestations. Malgré ces tensions, une partie de la population togolaise, avec l’appui de la diaspora, continue de défendre activement ses droits civiques et fondamentaux.