Par Kosisochukwu Charity Ani

Les réseaux sociaux ont récemment été inondés d’images d’Inibehe Ime Okon, un homme se présentant comme neurochirurgien et résident à la prestigieuse école de médecine de l’université Johns Hopkins, dans le Maryland. Il fait actuellement l’objet d’allégations de fraude académique. Plusieurs sources affirment qu’il aurait prétendu avoir étudié à l’université d’Uyo, à l’université du Texas à Austin, à l’université Babcock, et être actuellement en résidence à Johns Hopkins.

Selon des informations relayées en ligne, M. Okon était bien connu au sein de la communauté médicale de l’université d’Uyo, mais pas en tant qu’étudiant. Il assistait aux activités du département de médecine, s’associait aux enseignants et étudiants, et publiait régulièrement des photos avec des figures de la profession, se présentant comme étudiant et chercheur.

D’après l’utilisatrice Ahnie_Etesin, il aurait prétendu, dès 2019, être étudiant de deuxième année en médecine à l’université d’Uyo. Plus récemment, il serait réapparu sur les réseaux sociaux en affirmant être résident en neurochirurgie à Johns Hopkins. Pourtant, ses supposés camarades sont encore en dernière année d’études, soulevant des doutes quant à la véracité de son parcours.

Nombre d’internautes l’ont félicité, pensant qu’il avait obtenu une bourse d’études. Toutefois, un examen attentif de ses publications laisse entendre qu’il aurait inventé son entrée en résidence, ce qui paraît peu plausible au vu de son niveau supposé en 2019. Ces incohérences ont conduit plusieurs professionnels de santé et étudiants à remettre en question ses affirmations. Un délégué de la promotion à laquelle il prétend appartenir aurait même tenté de le dissuader de se faire passer pour un étudiant, affirmant qu’il ne l’a jamais été. D’autres témoignages soutiennent qu’il n’a jamais été officiellement admis à la faculté de médecine de l’université d’Uyo, mais qu’il circulait avec une fausse lettre d’admission. Il aurait également été vu lors d’événements médicaux organisés par l’Association des écoles de médecine de l’État d’Akwa Ibom.

L’utilisateur de réseaux sociaux Ridhwan Badamasi a déclaré que M. Okon avait également affirmé avoir étudié à l’université Babcock, en particulier au sein du département de neurochirurgie de son hôpital universitaire. Il aurait par ailleurs été accusé de plagiat en 2021. Il se serait aussi présenté comme affilié à la Dell Medical School de l’université du Texas à Austin. Pourtant, aucune de ces institutions, ni leurs membres, ne semblent le connaître. De même, aucune trace de lui n’a été trouvée à Johns Hopkins.

Un autre ancien étudiant de l’université d’Uyo a confirmé qu’Okon avait assisté à quelques cours et conférences médicales, mais qu’il avait été expulsé après avoir été découvert en possession d’une lettre d’admission douteuse. Certains soutiennent même qu’il n’a jamais été admis. Malgré cela, M. Okon avait publié plus de 65 articles sur la plateforme ResearchGate et comptait plus de 4 000 abonnés sur LinkedIn, avant de désactiver son profil.

Médecin ou imposteur ? Ce que disent les vérificateurs de faits

Sur l’une des images publiées par M. Okon, il porte une blouse médicale prétendument issue de la Dell Medical School, mais celle-ci arbore également l’inscription « Age », une marque nigériane de blouses médicales.

La plateforme de vérification DUBAWA a contacté toutes les universités citées par M. Okon et a consulté leurs sites web à la recherche de preuves de son affiliation. L’université du Texas à Austin a confirmé qu’aucune personne portant son nom n’était inscrite ni affiliée à l’établissement. Le vice-président adjoint chargé des relations médias, Mike Rosen, a déclaré :
« L’université du Texas à Austin n’a aucun résident ou étudiant, actuel ou ancien, portant le nom mentionné. »

L’université Johns Hopkins et l’université d’Uyo ont également été sollicitées pour confirmer ou infirmer les affirmations d’Okon. Au moment de la rédaction de ce rapport, elles n’avaient pas encore répondu. Toutefois, la liste des résidents affichée sur le site de Johns Hopkins ne fait pas mention de son nom.

Depuis l’émergence des accusations, M. Okon a rendu ses comptes de réseaux sociaux privés. Contacté par Dubawa via WhatsApp, il a refusé de répondre aux questions sur ses diplômes. Il a toutefois déclaré qu’il préparait un projet pour « dire toute la vérité », ajoutant :
« Je sais si je l’ai fait ou non. Je leur pardonnerai. Je dirai toute la vérité et je serai sincère et très ouvert. »

Le cas d’Inibehe Okon soulève des interrogations sur le phénomène du charlatanisme et de la falsification de diplômes, notamment dans le domaine médical. De nombreux patients et professionnels ont déjà été confrontés à des individus se faisant passer pour médecins ou infirmiers. La question reste posée : comment peut-on, aujourd’hui, vérifier l’identité et les qualifications de ceux à qui nous confions notre santé ?