Ibrahim Traoré, un jeune capitaine africain, a gagné l'admiration de la plupart des Africains et des peuples du monde entier, non pas parce qu'il a renversé l'administration précédente par un coup d'État sans effusion de sang, mais en raison de sa politique et de son initiative singulière.

Ibrahim Traoré a pris le destin de son pays en main et il a choisi une trajectoire vers plus de souveraineté. Certain voit dans Traoré comme un nouveau “Messie” car c’est un miraculé qui aurait échappé à plus de 18 tentatives d’assassinat.

Récemment, une vidéo datée du 1er avril 2025 et devenue virale sur TikTok, affirme que sous la présidence de Traoré, le Burkina Faso serait désormais un pays exempt d’impôts. La publication, relayée par la page Pan Africa TV, a enregistré plus de 1,3 million de vues, 94 600 likes, plus de 8 000 commentaires et 22 500 partages.

La vidéo, titrée « Ibrahim Traoré déclare que le Burkina Faso est une nation exempte d'impôts », met en scène un faux présentateur de journal télévisé avec une voix-off relayant cette supposée annonce. Elle va même jusqu’à prétendre qu’Elon Musk, PDG de X (ex-Twitter), envisagerait de relocaliser ses entreprises au Burkina Faso pour bénéficier de cette politique fiscale. D’autres affirmations tout aussi spectaculaires évoquent des sanctions imminentes de la part des pays occidentaux.

Un extrait montre également Ibrahim Traoré s’exprimant lors d’un événement, présenté comme le moment de l’annonce de cette exonération fiscale.

Mais une vérification s’impose.

Grâce à une recherche d’image inversée effectuée avec Google Lens, CableCheck a retrouvé l’origine du clip : il s’agit en réalité d’un discours prononcé par Traoré le 23 août 2024, lors de la Journée de l'excellence académique au Burkina Faso. Aucun passage ne fait mention d’une suppression de l’impôt.

De plus, la page Pan Africa TV, à l’origine de la vidéo, est connue pour produire régulièrement des contenus pro-régime, incluant de nombreux deepfakes. Elle diffuse des vidéos mettant en valeur le capitaine Traoré, ses politiques et son style de gouvernance, souvent en manipulant des images et des propos.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ce type de désinformation vise à enjoliver la figure d’Ibrahim Traoré. Par le passé, des rumeurs ont affirmé, à tort, qu’il avait abandonné le franc CFA, ou encore qu’il avait refusé une invitation du président Donald Trump – une affirmation pour laquelle aucune preuve concrète n’a été trouvée. D’autres sources peu crédibles ont aussi relayé qu’il avait instauré une éducation gratuite pour tous, lancé une usine de véhicules électriques ou encore remboursé l'intégralité de la dette extérieure du pays.

Si Traoré mène effectivement une politique de rupture, en refusant le retour à un régime civil et en retirant son pays de la CEDEAO, ces manipulations médiatiques interrogent : les faits sont-ils exagérés ? Les médias contribuent-ils à construire une image surfaite d’un chef d’État présenté comme un sauveur ?

Aujourd’hui, de nombreux contenus — mêlant images authentiques et vidéos générées par intelligence artificielle — circulent pour embellir l’image du régime militaire burkinabè. Il est légitime de se demander dans quelle mesure ces productions participent à la fabrication d’un mythe autour d’Ibrahim Traoré.

En conclusion, l’affirmation selon laquelle le Burkina Faso serait devenu une nation sans impôts est fausse. La vidéo virale repose sur des montages deepfake et sur la réutilisation d’extraits hors contexte. Cet épisode illustre les dangers croissants de la désinformation alimentée par l’IA en Afrique, et rappelle la responsabilité des plateformes, mais aussi celle des citoyens, face à ces nouvelles formes de manipulation.

Ecrit par Ani Charity Kosisochukwu