« L’IA est une technologie puissante, mais elle peut aussi être une menace si elle est mal comprise ou mal utilisée. Il est urgent de former les journalistes à son usage éthique et responsable. »
Une formation stratégique pour une presse en mutation
Le 5 mai 2025, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le Syndicat des Professionnels de l’Information et de la Communication (SPIC), dirigé par Thierry EBA, a organisé à Yaoundé la 2ᵉ édition des Universités de la Presse.
Objectif : outiller les journalistes face aux bouleversements induits par l’intelligence artificielle (IA) et les réseaux sociaux.
Placée sous le thème : « Impact de l’intelligence artificielle et des réseaux sociaux sur la liberté de la presse et les médias », la rencontre a réuni des professionnels de l’information, des experts en IA et des représentants d’organisations internationales comme l’UNESCO.
« L’IA est une technologie puissante, mais elle peut aussi être une menace si elle est mal comprise ou mal utilisée. Il est urgent de former les journalistes à son usage éthique et responsable. » Thierry EBA, président du SPIC.
Une technologie qui bouscule les pratiques
Les échanges ont mis en lumière les craintes des journalistes face à l’automatisation croissante du métier. Le Dr Pierre NKAH, journaliste et membre du panel, a évoqué une « destruction créatrice » qui pourrait marginaliser les professionnels non formés. « L’IA est ouverte à tous mais les ressources sont souvent extérieures au continent. Il faut une IA adaptée à nos réalités. »
Cette réflexion rejoint les préoccupations soulevées dans le rapport du CDJM sur les bonnes pratiques IA et journalisme.
Des propositions concrètes pour une IA responsable
Parmi les recommandations phares issues de la rencontre :
- Élaborer une charte éthique d’utilisation de l’IA dans le journalisme
- Créer un data center national pour développer une IA endogène
- Lancer une caravane de sensibilisation dans les rédactions pour promouvoir une utilisation responsable des outils numériques
Hervé TIWA, journaliste et directeur exécutif de Med IA Laboratory a rappelé que l’IA peut être un levier formidable pour améliorer la qualité du journalisme : « Elle permet de transcrire des interviews, de synthétiser des documents, de corriger des textes… mais elle peut aussi décrédibiliser le métier si elle est mal utilisée » a-t-il déclaré.
Une mobilisation qui se poursuit
Alors que le Cameroun entre dans une période électorale sensible, le SPIC prévoit de renforcer ses actions de formation et de plaidoyer. Une audience auprès du Président de la République est envisagée pour :
- Défendre la reconnaissance du métier de journaliste
- Promouvoir un encadrement éthique de l’IA dans les médias
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique continentale, comme le souligne le programme J+IA, qui accompagne les rédactions dans l’intégration responsable de l’intelligence artificielle.
Article rédigé par Christian ESSIMI