Malgré les garde-fous mis en place et les alertes sans cesse répétées par certaines autorités reconnues, jamais les fakes news n’ont été aussi nombreuses sur les réseaux sociaux. Une récente analyse rédigée en avril par le Centre d’études stratégiques de l’Afrique* rapporte que les campagnes de désinformation ont presque quadruplé en deux ans « entraînant des conséquences déstabilisantes et antidémocratiques », indique-t-elle. Cette analyse souligne en outre que « la Russie demeure le principal pourvoyeur de la désinformation en Afrique ».
De plus en plus d’Africains passent du temps sur les réseaux sociaux : 25 % de la population en 2021 contre 35 % en 2024 (63,4 % au niveau mondial). Surtout les fakes news sont principalement (plus de 75 %) identifiées sur les plateformes de médias sociaux devant les autres médias réputés « plus fiables » : télévision-radio, presse écrite, sites web qui se font souvent l’écho des dangers des fakes news.
Le rôle des émotions et des biais cognitifs dans la désinformation
Pourquoi donc tombons-nous (si facilement) dans le piège ? La réponse pourrait tenir en seulement trois mots : « ciblés et consentants ». Les réseaux sociaux constituent en effet un vaste « marché public de l’information ». Une information qui n’est pas toujours sourcée et vérifiée. Cette surabondance provoque une exposition généralisée aux fausses rumeurs. Surtout chacun des individus cherche dans les réseaux des preuves qui s’accordent à ses croyances ou à ses attentes.
Le piège peut aussi provenir d’une « vérité illusoire ». Concrètement une (fausse) information, répétée et rediffusée des milliers de fois peut, par un phénomène d’usure, être comprise et acceptée comme une vérité établie. L’exposition répétée semble être augmentée lorsque les individus ont confiance dans des sources qu’ils considèrent fiables.
Ce phénomène peut être renforcé quand les individus ont tendance à croire les personnalités ou prescripteurs d’opinion présents dans les médias et sur les réseaux.
Il peut prendre une dimension supérieure si l’information joue sur la corde de l’émotion que ce soit l’indignation, la joie, la colère, la peur, l’anxiété, la stupeur, etc. Plus la fausse information véhiculera l’une ou l’autre de ces émotions, plus elle captera l’attention et favorisera la vulnérabilité du récepteur de l’information. Car les personnes malintentionnées savent que les messages qui suscitent de fortes émotions sont les plus partagés.
Fake news : comment les éviter
Comment éviter ces pièges ? L’un des premiers réflexes est de vérifier les sources de cette information. Qui est à son origine ? Qui a rédigé l’article ? Sur quelles données (réelles et vérifiées) s’appuie-t-il ? Si la source est unique, cela ne veut pas forcément dire qu’elle soit fausse, mais les risques qu’elle le soit sont plus nombreux que si les sources sont multiples.
Il convient aussi de vérifier si le compte émetteur du message est réel (est-ce un faux compte ?) et si l’image qu’il diffuse n’a pas été fabriquée par l’intelligence artificielle, sans que cela soit véritablement mentionné. Les erreurs d’orthographe, de grammaire, de syntaxe, de ponctuation peuvent aussi constituer de bons indicateurs pour alerter sur de possibles fakes news.
De plus, il convient de se méfier des influenceurs qui insistent pour que vous soyez le relais de leurs informations, souvent sensationnelles. Plus encore s’ils veulent vous soutirer de l’argent.
Parmi les autres outils efficaces pour lutter contre les fake news et la désinformation, rien ne vaut la culture générale. Se nourrir de plusieurs sources d’information et cultiver son libre-arbitre constituent les meilleurs remparts à la propagande et à la manipulation.

Stratégies pour se protéger et développer l’esprit critique
- Vérifier les sources
- Qui est à l’origine de l’information ?
- Le texte cite‑t‑il des données vérifiables ?
- Le compte émetteur est‑il réel ou suspect ?
- Analyser la forme
- Les erreurs d’orthographe, de grammaire ou de ponctuation sont souvent des indicateurs de fake news.
- Méfiez‑vous des images générées par l’intelligence artificielle non signalées.
- Se méfier des influenceurs
- Certains incitent à relayer des informations sensationnelles, parfois dans le but de monétiser ou de manipuler.
- Cultiver sa culture générale
- Consulter plusieurs sources fiables (presse écrite, médias publics, sites de fact‑checking).
- Développer son esprit critique constitue le meilleur rempart contre la désinformation.
