L’Actions Médias et Développement vise à sensibiliser sur les risques liés aux réseaux sociaux chez la jeunesse centrafricaine. À sa tête, Rocard Maleyo se bat contre la désinformation.
En République Centrafricaine, plus de 77 % des individus sont jeunes. Cette catégorie de la population est également celle subissant le plus les conséquences de la désinformation.
« Fini mon mandat en tant que Coordonnateur de l’Association des Factscheckers de Centrafrique (AFC), j’ai compris que le pays fait face à un réel problème : la méconnaissance des médias sociaux en milieu jeune. »
Dès août 2022, Rocard Maleyo lance alors l’association Actions Médias et Développement (AMD). Elle s’articule autour de trois missions principales : la lutte contre la désinformation et les discours de haine, la formation en gestion de projet médias, et surtout, la promotion de l’éducation aux médias chez la jeunesse.
« Selon des statistiques de l’IFRI, le taux de pénétration d’Internet est de 18 % et donc les jeunes consomment à plus de 10 % le taux donné. Ils sont de ce fait concernés en premier par la désinformation sur les réseaux sociaux. »
Affirme son coordonnateur.
De manière générale, dans la région le taux d’utilisation des réseaux sociaux est en hausse chaque année, faisant du fact-checking un enjeu de taille pour ceux qui constituent l’avenir du continent. Pour le journaliste, il est de notoriété publique que depuis 2018, la République Centrafricaine subit une guerre par procuration entretenue par certaines puissances mondiales. Ainsi, la désinformation s’organise à un niveau étatique. L’ancien président centrafricain, Ange Félix Patassé, qualifiait d’ailleurs la nation de « pays de rumeurs ».
Concernant le besoin de formation en gestion de projet médias, Rocard Maleyo constate une faible capacité de mobilisation des ressources au sein des médias centrafricains. Ainsi, l’AMD entend mettre au profit des structures médiatiques ses compétences en conception projets et en recherche de financement.
« C’est ‘on’ qui te l’a dit, arrête-toi et vérifie »
Tel est le slogan de l’association, réflexe que Rocard Maleyo invite les jeunes à développer. Ateliers de sensibilisation, campagnes sur les réseaux sociaux, collaboration avec d’autres organisations comme le CJCLD, et formations de jeunes journalistes… Depuis sa création, l’AMD couvre un large panel d’actions sur le sujet. Le but premier est de développer l’esprit critique de la population concernée.
Rocard Maleyo livre quelques conseils en ce sens :
« Dans nos différentes séances de sensibilisation, nous encourageons toujours les jeunes à être des vecteurs de la bonne nouvelle. Nous essayons toujours de leur donner des anecdotes des conséquences de la désinformation dans notre société. Puisque les récits que nous leur faisons ont un fondement vrai, nous pensons que cela contribue grandement à leur permettre de douter de chaque information qu’ils reçoivent tant que cela n’est pas encore vérifié. […] »
À cela s’ajoute les techniques fondamentales de vérification des informations, comme les applications de vérification d’images, les réponses aux questions de références au journalisme et, bien sûr, le bon sens.
« Quand on est du côté de la vérité, on est d’emblée protégé de toute forme de manipulation et de poursuite. »
Le fact-checking et le travail d’investigation sont avant tout « un travail de sacerdoce ». Prévient-il, pour ceux qui souhaiteraient se lancer dans le milieu. Qui dit sacerdoce, dit abnégation, dans un pays où le métier journalistique ne permet pas encore de bien vivre.
Quels projets futurs pour l’AMD ?
Les ambitions d’ Actions Médias et Développement se tournent désormais vers une extension des mesures d’éducation aux médias et à l’information (EMI), en milieu jeune et sur tout le territoire national.
« Les projets réalisés ces derniers mois étaient très limités en termes de budget, si bien que nous n’avons pas su couvrir tout le pays, or c’est dans les villes de la RCA que le besoin se fait le plus ressentir. » Déplore Monsieur Maleyo.
À venir également, l’édition d’un manuel d’EMI. L’AMD espère réalisé ce projet en partenariat avec le gouvernement, afin d’inscrire cela dans le curricula de l’éducation nationale. Objectif : faire de l’EMI une cause nationale. Cette initiative doit permettre à sécuriser l’accès au droit à l’information sur place.
« Pour nous, le droit à l’information pour tous est fondamental pour que le respect des droits de l’Homme et de la démocratie soit une réalité. » Conclut-t-il.