À l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025, les réseaux sociaux camerounais deviennent le théâtre d’une bataille informationnelle. Influenceurs et figures publiques y jouent un rôle croissant, perçus à la fois comme des relais de désinformation et comme des vecteurs d’information vérifiée.
Dans une note publiée en juin 2025, intitulée « Politique et réseaux sociaux : influenceurs et blogueurs dans le jeu politique camerounais », l’Institut français des relations internationales (Ifri) analyse la montée en puissance de ces nouveaux acteurs dans l’espace public numérique.
D’après le document, ces influenceurs, également désignés comme activistes ou web-blogueurs, contribuent à la circulation d’informations et à l’animation des débats en ligne. Leur visibilité et leur capacité à mobiliser des communautés leur confèrent une influence notable dans l’espace public numérique.
Des initiatives citoyennes face à la désinformation
Face à la prolifération des contenus trompeurs, des initiatives citoyennes émergent pour contrer cette désinformation. Des campagnes telles que #ZéroIntox ou #Vérité2025, portées par des créateurs de contenus engagés, cherchent à démystifierles rumeurs, promouvoir la vérification des faits et à encourager l’esprit critique.
Dans une tribune publiée le 3 avril 2025 sur le site d’Africheck, intitulée « Rôle des influenceurs et créateurs de contenu dans la diffusion des fake news », l’organisation souligne que : « En raison de leur large audience et de leur pouvoir de persuasion, ces figures publiques jouent un rôle crucial dans la propagation ou la lutte contre la désinformation ».
Le texte distingue la diffusion involontaire de fausses informations, souvent liée à un manque de vérification, de la diffusion délibérée, motivée par la recherche de visibilité ou d’influence.
Une alerte déjà lancée
Le 2 août 2024, Radio France Internationale (RFI) diffusait un épisode de sa série « La fabrique des fake news », intitulé « Cameroun : en quête de followers, les influenceurs d’infox sans scrupules »,signé par le journaliste Richard Onanena.
Ce reportage, disponible sur le site de RFI, met en lumière les pratiques de certains influenceurs camerounais, qui, en quête de notoriété, ont recours à la fabrication et à la diffusion de fausses informations. Ces contenus visent parfois des personnalités publiques et circulent rapidement sur les réseaux sociaux.
« Les utilisateurs ne prennent pas le temps de vérifier ce qu’ils voient. Résultat : des fausses rumeurs deviennent virales en quelques heures »,souligne le journaliste.
L’enquête met également en évidence les répercussions sociales et psychologiques pour les personnes ciblées et appelle à une prise de conscience collective.
Vers une influence responsable et citoyenne
Dans un contexte électoral particulièrement sensible, le rôle des influenceurs au Cameroun ne ne cesse d’évoluer. Si certains participent à la propagation de rumeurs ,d’autres s’efforcent de promouvoir une information fiable et responsable.
De plus en plus d’acteurs du numérique s’engagent dans la promotion de contenus vérifiés, éthiques et responsables. Si la régulation reste un enjeu, elle ne saurait suffire à elle seule. Le renforcement des compétences, la sensibilisation et l’accompagnement de ces créateurs de contenu apparaissent comme des leviers essentiels pour favoriser un espace informationnel plus sain.
Christian ESSIMI