Ecrit par Christian ESSIMI
« J’ai vu des filles de 13 ans entrer dans ces maisons et ne plus en sortir avant des semaines »
Derrière les écrans : un marché noir prospère
Un site pornographique hébergé à l’étranger, cm.jedolo.com , s’est discrètement introduit dans le paysage numérique camerounais. Derrière ses pages se cache une réalité troublante : des mineurs piégés, un réseau traqué et une société sous le choc. Les vidéos diffusées y montrent de très jeunes filles, parfois à peine pubères, recrutées et exposées sans leur consentement, souvent à visage découvert.

L’alerte politique qui a tout déclenché
Le 4 juin 2025, Marie-Thérèse Abena Ondoa, ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, publie un communiqué officiel dénonçant une dérive criminelle. Elle y met en lumière l’existence d’un système de proxénétisme numérique structuré, exploitant la vulnérabilité des mineurs pour générer des revenus à travers des plateformes pornographiques.pornographiques.

L’ANTIC contre-attaque : réponse technique, impact sociétal
L’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC), à travers sa Cellule d’intervention rapide (CIRT), a procédé au blocage du site sur l’ensemble du territoire. « Ce n’est pas juste un site. C’est un système. Et ce système a des ramifications locales », confie, sous couvert d’anonymat, un agent de l’ANTIC. Mais ce démantèlement technique ne signifie pas pour autant la fin du réseau : les enquêtes sont toujours en cours.
Des maisons d’exploitation à Yaoundé
Selon des ONG locales et des reportages diffusés sur la CRTV, plusieurs maisons à Yaoundé serviraient de lieux d’exploitation. De jeunes filles y seraient hébergées, filmées à leur insu ou contraintes à se prostituer. « J’ai vu des filles de 13 ans entrer dans ces maisons et ne plus en sortir avant des semaines », témoigne Clarisse Mvondo, militante de l’association « Femmes Debout ».
Les chiffres qui dérangent
Voici les données les plus marquantes :
Source | Donnée |
+4 000 mineures impliquées dans des réseaux de prostitution | |
1 500 cas de traite de mineurs entre 2021 et 2024 | |
30 % des filles de 12 à 17 ans ont reçu des propositions sexuelles en ligne | |
112 000 travailleurs du sexe recensés |
Médias et mobilisation citoyenne
La CRTV, ainsi que d’autres organes de presse, ont largement relayé l’affaire à travers des reportages de sensibilisation. « Ce n’est pas un fait divers. C’est une crise sociale », souligne le journaliste d’investigation Jean-Bruno Tagne.
« Tant que les commanditaires ne sont pas identifiés, le crime reste sans visage »
Législation : entre engagements et limites
Le Cameroun est signataire du Protocole facultatif à la Convention relative aux Droits de l’Enfant,, mais son application demeure fragile. « Tant que les commanditaires ne sont pas identifiés, le crime reste sans visage », déplore Me Rodrigue Tchoumba, avocat spécialisé en cybercriminalité.
Vigilance et prévention
L’ANTIC surveille d’autres plateformes suspectes. Face à l’ampleur du phénomène, les mesures les plus efficaces restent toutefois la vigilance parentale, l’éducation numérique et la dénonciation citoyenne, via la Ligne Verte 116 ou les numéros 222 23 25 50 et 222 22 61 74.
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