En Afrique, la corruption, les conflits fonciers et la falsification de documents et autres défis freinent le développement économique et social. Pourtant, une technologie méconnue du grand public pourrait offrir des solutions durables : la blockchain.
Souvent associée aux cryptomonnaies comme le Bitcoin, la blockchain est en réalité un outil révolutionnaire garantissant sécurité, traçabilité et transparence des données grâce à un registre numérique infalsifiable et décentralisé.
En Afrique, elle pourrait répondre à des défis majeurs : corruption, opacité administrative, conflits fonciers et fraude documentaire. En sécurisant les transactions et en rendant les informations vérifiables en temps réel, la blockchain offrirait une solution efficace pour moderniser la gouvernance. Certains pays l’ont déjà adoptée pour lutter contre la fraude et sécuriser les registres fonciers. Alors, pourquoi ne pas généraliser son usage ?
Voici des domaines clés où la blockchain pourrait transformer l’Afrique.
diplômesLutter contre la corruption et les détournements de fonds
SelonTransparency International, la corruption freine le développement en Afrique. L’Indice de Perception de la Corruption 2023 attribue à l’Afrique subsaharienne un score moyen de 32/100, illustrant une lutte encore insuffisante.
Pour renforcer la transparence, plusieurs pays africains exploitent la blockchain pour renforcer la transparence et lutter contre la corruption à l’instar de la Guinée-Bissau pour lagestion des salaires publicset du Nigeria pourmoderniser son systèmedouanier.Son applicationaux marchés publics pourrait transformer la gestion des finances. Avec une blockchain, chaque citoyen pourrait suivre en temps réel les appels d’offres, contrats et paiements, limitant ainsi les détournements de fonds.
La blockchain comme remède aux conflits fonciers en Afrique
En Afrique subsaharienne, seulement 10 % des terres rurales sont officiellement enregistrées,selon la Banque mondiale. Cette absence d'enregistrement formel entraîne des litiges fréquents, des fraudes et des expulsions arbitraires, freinant ainsi le développement économique et social.
Pour remédier à cette situation, des initiatives innovantes émergent, notamment l'utilisation de la blockchain pour sécuriser les titres fonciers. Par exemple, le Ghana a collaboré avecl'ONG Bitlandpour mettre en place une blockchain foncière, permettant aux propriétaires d'enregistrer leurs terres de manière sécurisée et infalsifiable. Cette technologie offre une transparence accrue, réduit les conflits liés à la propriété et simplifie les processus administratifs.
L'adoption de la blockchain dans la gestion foncière pourrait ainsi transformer la sécurisation des terres en Afrique, garantissant des enregistrements fiables et facilitant l'accès au crédit pour les propriétaires fonciers.
Lutter contre la falsification des diplômes : la blockchain au service de l’authenticité
La fraude académique fragilise la crédibilité des systèmes éducatifs africains. La falsification de diplômes complique l’insertion professionnelle et la reconnaissance des qualifications à l’international. Face à ce fléau, plusieurs pays misent sur la blockchain. En Tunisie par exemple,une plateformecertifie les diplômes universitaires, garantissant leur authenticité et simplifiant leur vérification.
L'implémentation d’un registre blockchain des diplômes permettrait une authentification rapide, éliminerait les fraudes académiques et faciliterait la reconnaissance internationale des qualifications africaines, ouvrant la voie à un marché du travail plus sécurisé et compétitif.
Au-delà de la lutte contre la corruption, la sécurisation des titres fonciers et l’authentification des diplômes, la blockchain offre d’autres applications prometteuses en Afrique. Elle pourrait être utilisée pour garantir la transparence des élections, tracer les chaînes d’approvisionnement (agroalimentaire, médicaments), renforcer l’inclusion financière, protéger la propriété intellectuelle, optimiser la gestion des ressources naturelles (mines, énergie, eau) et moderniser les systèmes de santé en sécurisant les dossiers médicaux et en luttant contre la contrefaçon de médicaments.
Malgré ses promesses de transparence et de sécurité, l’adoption de la blockchain en Afrique se heurte à plusieurs obstacles. Le manque de sensibilisation freine son déploiement, car peu de décideurs maîtrisent réellement son fonctionnement et son potentiel. La résistance au changement complique également son intégration, notamment dans les administrations où la transparence imposée par la blockchain peut être perçue comme une menace. De plus, l’insuffisance des infrastructures numériques, marquée par un accès limité à internet et à l’électricité, ralentit considérablement son expansion, en particulier dans les zones rurales.
Malgré ces défis, la blockchain offre une opportunité majeure pour moderniser les services publics en Afrique, à condition d’investir dans la formation, d’établir un cadre réglementaire adapté et d’améliorer l’accès aux tediplômeschnologies.
Article rédigé par Abdoussalam DICKO