Ecrit par Ani Charity Kosisochukwu

Dans une annonce qualifiée d’historique, le Ghana et les Émirats arabes unis (EAU) ont signé un accord d’un milliard de dollars pour créer un hub technologique de pointe dédié à l’intelligence artificielle et à l’innovation, appelé à accueillir des géants mondiaux tels que Microsoft, Meta, Oracle, IBM, entre autres. Ce protocole d’accord (MoU), présenté comme la future « Silicon Valley de l’Afrique », vise à stimuler la croissance économique, générer des emplois et accélérer la modernisation numérique du pays.

L’accord a été paraphé par Samuel Nartey George, ministre ghanéen de la Communication, des Technologies numériques et de l’Innovation, et Sultan Ahmed Bin Sulayem, président de la Ports, Customs and Free Zone Corporation (PCFC) des Émirats arabes unis. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à faire du Ghana un leader régional dans les domaines de l’intelligence artificielle et des technologies émergentes.

Ce partenariat s’inscrit également dans le sillage de l’accord conclu entre le gouvernement émirien et OpenAI, qui a permis aux Émirats arabes unis de devenir le premier pays au monde à offrir gratuitement ChatGPT Plus à tous ses résidents. L’un des volets clés de cette stratégie est la création à Abou Dhabi d’un important centre d’infrastructure dédié à l’IA, baptisé Stargate UAE. Ce complexe ambitionne de devenir un pôle régional de référence en intelligence artificielle, avec notamment l’installation d’un supercalculateur d’une puissance d’un gigawatt, dont 200 mégawatts devraient être opérationnels dès l’année prochaine.

En accueillant les grands noms du secteur technologique, le Ghana pourrait ainsi se positionner comme un centre régional, non seulement pour les affaires, mais aussi pour la recherche, la réglementation et l’innovation dans des domaines tels que l’IA, la blockchain ou l’apprentissage automatique. Au-delà des enjeux de formation et d’emploi, il s’agit de permettre à l’Afrique de prendre les devants dans la définition de son avenir numérique.

Baptisé « Ghana-UAE Innovations and Technology Hub », ce projet vise à attirer plus de 11 000 entreprises technologiques internationales, parmi lesquelles Microsoft, Meta, Oracle, IBM et Alphabet, désireuses de renforcer leur implantation au Ghana et sur le continent africain. Ce partenariat incarne à la fois une promesse et un défi : celui de stimuler l’économie, de créer des opportunités et de renforcer les capacités technologiques locales. À l’intersection de l’ambition et de la responsabilité, ce hub pourrait transformer le paysage numérique en Afrique de l’Ouest, favoriser l’accès au numérique et consolider des partenariats technologiques internationaux.

Mais la réussite d’un tel projet ne pourra reposer uniquement sur l’enthousiasme et les alliances stratégiques. Pour garantir un développement équitable et durable, le Ghana devra veiller à une répartition juste des bénéfices, à la transparence des processus, et à l’implication des acteurs locaux. La gouvernance des données, la propriété locale, l’équité en matière d’emploi et la préparation des infrastructures devront être traitées avec rigueur. En l’absence de cadres juridiques clairs et d’un contrôle public effectif, le pays court le risque de tomber dans une dépendance technologique, reproduisant des schémas où la technologie importée ne profite pas réellement aux communautés locales.

Alors que la désinformation continue de fragiliser la gouvernance et la démocratie sur le continent, cet accord ne doit pas devenir une nouvelle promesse surdimensionnée sans effet concret. Le gouvernement devra fournir une information régulière et accessible, associer la société civile, et éviter toute communication excessive.

Le projet du Ghana de devenir le pôle africain de l’intelligence artificielle marque un tournant décisif pour l’innovation technologique sur le continent. Il s’agit d’une opportunité unique pour améliorer les conditions de vie, protéger les droits et bâtir un avenir numérique souverain, sécurisé et réellement transformateur. Pour un pays en première ligne du réveil numérique africain, cet accord n’est pas seulement un partenariat technologique : c’est un test de leadership, d’intégrité et d’inclusion.