Plus d’un an après le coup d'État de juillet 2023, la situation des médias au Niger continue de se détériorer. Les récentes arrestations de trois journalistes de Sahara FM à Agadez soulignent les graves menaces qui pèsent sur la liberté de la presse et la sécurité des professionnels des médias dans le pays.
Le 7 mai, trois journalistes de la radio Sahara FM, basée à Agadez, sont interpellés par les forces de l'ordre pour avoir relayé une information sensible. Hamid Mahmoud, Massaouda Jaharou et Mahaman Sani sont arrêtés après avoir diffusé un article du site LSI Africa, qui évoquait une supposée rupture des accords de coopération en matière de renseignement entre le Niger et ses partenaires. Les journalistes sont interpellés à deux reprises entre le 7 et le 10 mai avant d’être finalement libérés par un juge après une audition. Cependant, dans la nuit du vendredi au samedi, ils sont de nouveau arrêtés par la gendarmerie. Les raisons invoquées pour ces arrestations sont liées à la diffusion d'informations jugées sensibles par les autorités nigériennes.
Dans un contexte où la sécurité nationale est une préoccupation majeure, la gravité des conséquences d'une information étouffée ne peut être sous-estimée. L'accès à des informations fiables et vérifiées est essentiel pour permettre aux citoyens de comprendre les enjeux et de prendre des décisions éclairées. L'arrestation de ces journalistes envoie un signal clair : toute information qui pourrait être perçue comme critique ou gênante pour le gouvernement sera sévèrement réprimée.
La détérioration de la liberté de la presse depuis le coup d'État
Depuis le coup d'État, la situation des médias au Niger s'est considérablement dégradée. Les conditions de travail des journalistes se sont durcies, et les arrestations arbitraires sont devenues monnaie courante. Plusieurs journalistes ont disparu ou sont incarcérés pour avoir couvert des sujets sensibles liés à la sécurité nationale. Un exemple marquant est celui d'Idrissa Soumana Maiga, directeur du quotidien "L'Enquêteur", qui a été emprisonné d'avril à juillet 2024 pour "atteinte à la défense nationale" après avoir publié un article sur l'installation supposée d'équipements d'écoute par des agents étrangers sur des bâtiments officiels. La journaliste nigérienne Samira Sabou a également été détenue en secret pendant huit jours en septembre 2023 pour "diffusion de données de nature à troubler l'ordre public".
La liberté de la presse est un pilier essentiel de toute démocratie qui permet aux citoyens d'accéder à des informations diverses et indépendantes et de débattre publiquement. Au Niger, cette liberté est aujourd'hui menacée par une répression croissante qui vise à museler les voix critiques et à contrôler l'information.
Les difficultés de la profession journalistique au Niger
Les journalistes nigériens travaillent dans un environnement de plus en plus hostile à leur métier. L'autocensure, la méfiance et la peur sont devenues des réalités quotidiennes pour ceux qui tentent de faire leur métier avec intégrité. La répression constante pousse de nombreux professionnels à se censurer eux-mêmes, évitant ainsi de couvrir des sujets sensibles par crainte d'être arrêtés ou harcelés. La Maison de la presse, une association regroupant plusieurs organes de presse privés et publics du Niger, a été suspendue en janvier 2024. Cette décision a laissé les journalistes sans protection, exacerbant leur vulnérabilité face aux pressions gouvernementales. Les autorités ont également adopté des lois liberticides qui permettent d'emprisonner et de censurer les journalistes pour des motifs flous tels que la "diffusion de données de nature à troubler l'ordre public".
Malgré ces difficultés, les journalistes restent les gardiens de la vérité, les défenseurs de la transparence et les vecteurs de l'information indépendante. La liberté de la presse au Niger est gravement menacée, et les journalistes payent un lourd tribut pour leur engagement à informer le public. Il est urgent que la communauté internationale prenne conscience de cette crise et agisse pour protéger les droits des journalistes et la liberté d'expression au Niger. Car sans une presse libre et indépendante, il n'y a pas de démocratie véritable.